Actions

Parentalité

Thèmes
  • Familial
  • Soutien à la fonction parentale
Fichier(s) associé(s)
QVAHZ363-
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Quels furent les éléments de diagnostic à l'origine de l'expérience ?
En 2004/2005, notre association a été sollicitée par des élus (communes de l’Houmeau et Nieul sur Mer) pour accompagner un groupe de parents dans l’élaboration d’un projet de conférences répondant à des demandes de soutien dans l’exercice de la fonction éducative, repérées par les différents acteurs locaux (assistantes sociales, animateurs, parents, élus..). En effet, plusieurs situations de « violence » avaient été repérées au sein des écoles élémentaires et les parents dont les enfants en avaient été victimes, avaient le sentiment très fort d’être confrontés à un « mur » lorsqu’ils essayaient d’aborder le sujet avec les enseignants ou les directrices d’écoles. Nous avons donc été chargé de coordonner ce projet, qui s’est inscrit par la suite dans le cadre des Plans Educatifs Locaux (PEL) de notre territoire d’intervention.
Mots clés associés à l'actions
  • Famille
  • Parentalité
  • Solidarité
Description générale
Description de l'expérience, ses objectifs, ses acteurs et ses différentes phases.
Nous avons dans un premier temps, invité les élus et groupements de parents d’élèves des trois communes à se rencontrer pour mieux cerner leurs attentes. Ce temps d’échanges a permis aux parents de formuler des attentes certes, un peu « vagues » au démarrage de l’action, mais cependant, ce fut pour nous l’occasion d’établir un premier contact avec des familles que nous ne connaissions pas. Nous avons très vite ressenti que les parents n’étaient pas à l’aise en présence des élus et il nous a semblé nécessaire de travailler ce projet à deux niveaux : un premier niveau de réflexion à conduire auprès des familles et un second auprès des élus. Premier niveau de réflexion : Auprès des familles Nous avons proposé aux familles (après en avoir parlé aux élus) de les rencontrer de nouveau au centre social. Lors de cette rencontre, nous avons expliqué aux personnes présentes (environ dix personnes) que nous allions tenter de recenser l’ensemble des idées, les thématiques sur lesquelles elles souhaitaient travailler, afin de définir ensemble le type d’actions à mettre en œuvre, la fréquence et les intervenants pressentis. Ce temps d’échanges a été conçu sous forme de « brainstorming » ; ce qui a permis aux parents de s’exprimer librement et d’être rassuré quant au fait qu’il n’y avait pas de bonne ou de mauvaise réponse. Après avoir listé toutes leurs idées, nous avons produit une synthèse pour la soumettre aux élus afin de valider le projet et construire le budget de l’action. cette démarche était incontournable dans la mesure où un projet de cette envergure aurait un coût relativement important et que nous ne pourrions pas prendre le risque de démarrer l’action sans avoir l’aval des élus sur la « forme », le contenu et le budget. Après avoir validé cette « étape », nous avons réuni la commission Familles afin d élaborer les objectifs du projet avec les parents impliqués. * Elaboration des objectifs : Après avoir accueilli les familles, nous leur avons présenté les références existantes en lien avec les thématiques Parentalité : Tout projet traitant de la Parentalité doit s’appuyer sur des valeurs fondamentales pouvant faire référence à celles inscrites dans les programmes régionaux de santé (PRS) et dans la charte des réseaux d’écoute, appui et accompagnement des parents (REAAP) à savoir : - La reconnaissance de l’enfant en tant qu’une personne. - La reconnaissance des parents comme premiers éducateurs de leur enfant. - L’importance de la cohérence éducative autour de l’enfant. - Le respect de la différence. - L’ouverture à tous. Cette démarche a permis de les « guider » et facilita la cohérence de leur action. Les parents ont pu exprimer des attentes quant à ce projet, qu’ils baptisèrent eux mêmes « soirées d’échanges et de réflexion ». Les attentes des parents : - Valoriser nos compétences parentales. - Permettre une meilleure prise en compte de nos besoins et de ceux de nos enfants. - Soutenir les parents isolés, les plus en difficultés. - Aider à l’émergence de projets de territoire qui intègrent davantage les besoins des familles. Deuxième niveau de réflexion : Auprès des élus Après avoir présenté la synthèse aux élus (synthèse regroupant les sujets de réflexion des parents), nous avons soumis les objectifs élaborés par le groupe de parents et leur avons proposé de définir les orientations et choix pédagogiques nécessaires à la concrétisation de cette action partenariale. Il semblait indispensable de contractualiser une « trame » qui convienne à l’ensemble des acteurs : - Tendre vers une démarche participative, - Rendre les parents acteurs du projet, - Travailler en intercommunalité, afin de mobiliser plus de parents et permettre ainsi de développer des projets plus dynamiques, - Traiter de toutes les tranches d’âges : Petite Enfance, Enfance, et Adolescence. - Produire l’évaluation de l’action sur un cycle de trois ans (durée du PEL) Nous avons proposé de mettre par écrit les modalités de mise en œuvre de l’action afin de décrire le cadre de référence pour les trois communes : - Les différents acteurs participeront à l’ensemble des étapes du projet, conception, organisation, mise en œuvre, évaluation. - La communication sera prise en charge par les trois communes et le Centre Socio-Culturel et sera réalisée en direction de l’ensemble des habitants. - Quatre soirées/débats seront mises en place durant l’année. * Moyens humains : -Responsable Enfance/Familles du centre Socioculturel de Lagord -Des intervenants « choisis » en fonction des thématiques : psychologues, psychanalystes, médecin du sport… -Association « Ecole des Parents et des Educateurs ». -Les responsables des services Enfance/Jeunesse des communes de Nieul sur Mer et L’Houmeau. Pour les moyens humains, les choix s’étaient portés sur des personnes ressources. Les intervenants extérieurs comme l’école des parents et des éducateurs et/ou les psychologues, étaient des intervenants « pressentis » avec lesquels nous avions déjà travaillé dans le cadre d’autres projets et dont nous apprécions la pédagogie. Il semblait tout à fait pertinent de les présenter au groupe « pilote » (constitué de parents et parents d’élèves) afin qu’ils fassent connaissance et vérifier si leurs profils correspondaient aux attentes des parents. Les responsables Enfance/Jeunesse des communes de Nieul sur Mer et L’Houmeau étaient des personnes mandatées par les Maires respectifs pour relayer nos actions sur les communes. L’un était un technicien (Coordinateur PEL sur la commune de Nieul Sur Mer) et l’autre une élue (première adjointe au Maire de l’Houmeau en charge de l’enfance et la Jeunesse). Partenaires Financiers : - Communes de Nieul sur mer, l’Houmeau, Lagord (dans le cadre de leur PEL). - CAF (actions collectives familles). - DDCS (demande de subvention sur projet dans le cadre de la parentalité) En ce qui concernait les partenaires financiers, la proposition a été la suivante : -Chaque commune pourrait prendre à sa charge dans le cadre de leur Plan Educatif Local : ♦ Le coût d’une soirée d’échanges et de réflexion, ♦ Les frais de communication : Affiches, Flyers qui seront distribués aux écoles, collège, commerces… ♦ Le petit pot de bienvenue servi lors des soirées. ♦ La mise à disposition de salles, d’équipement et de matériel nécessaire au bon déroulement des soirées.
Quels sont les impacts ou effets positifs produits par cette expérience au niveau du public, du centre social ou de l'environnement ?
*Impact du projet : EVOLUTION DU PROJET : A l’issue du premier cycle de conférences en 2006, nous invité le groupe « pilote » (constitué de parents) à poursuivre sa démarche en révisant cependant quelques points. En effet, lors de l’évaluation de fin d’année, nous avions produit une enquête de satisfaction en direction des parents présents lors des soirées, dans le but de repérer les points positifs et les points négatifs de notre action. Une majorité de parents avait alors témoigné de l’intérêt porté pour les sujets abordés dans le cadre des conférences. Cependant, ils avaient également trouvé que les intervenants avaient été trop souvent « dans la théorie », et que le contexte « conférence » ne facilitait pas la prise de parole quand ils souhaitaient poser des questions ou redemander des explications sur des points « pas ou mal compris ». Suite à ces constats, nous avons proposé des réajustements en introduisant des soirées d’échanges et de réflexion plus propices aux débats, des « formes de soirées » qui permettent plus de proximité avec les intervenants. L’idée première avait été de construire l’intervention avec les questions qui émergeraient spontanément du « public ». Cette forme d’animation a permis de répondre davantage aux attentes des familles. Nous avons par ailleurs « revu » la disposition de la salle, de manière à faciliter davantage les échanges (pas de tables mais des chaises disposées en cercle), un temps de convivialité (jus de fruits et gâteaux) a également été imaginé pour « dédramatiser » la situation de rencontre d’un intervenant envers des parents qui pourraient se sentir « intimidés » ou pas « au niveau ». Enfin, nous avons proposé aux familles de travailler plus en amont en définissant et en préparant avec l’intervenant les sujets choisis. Lorsque les parents deviennent acteurs du projet : L’implication des parents aux différentes étapes du projet (conception, élaboration, mise en œuvre et évaluation) a su faire évoluer l’action et mettre en évidence les points suivants l’année d’après : -Présence de nouveaux parents, notamment de pères : Même si nous avons pu noter 92% de femmes pour 8 % d’hommes. Ce qui peut montrer qu’avec le temps, notre projet a su convaincre un « échantillon » de « mères », qui ont, par la suite, sollicité leurs époux afin qu’eux aussi, s’impliquent dans la démarche. En effet, jusqu’à ce jour, les pères présents ne sont jamais venus seuls (excepté lors de la soirée qui traitait des « séparations »). Ils sont toujours venus accompagnés de leurs femmes, leurs conjointes. -Implication de plus en plus significative des parents (dans le choix des thèmes, des intervenants pressentis) : Pour la soirée sur le thème des « relations », nous avonsi accueilli essentiellement une majorité de parents de préadolescents. Le thème « des séparations » a touché des parents fragilisés par des conflits ; l’information relayée par l’assistante sociale de secteur a également favorisé la présence de parents en demande de soutien. Cette soirée a été l’occasion, pour beaucoup de parents présents, de découvrir les structures existantes sur le territoire pouvant être à l’écoute de leurs préoccupations, voire même pouvant leurs proposer de faire de la médiation (l’AFAS, l’Ecole des Parents et des Educateurs…). Lors de cette soirée, nousavions notamment mis à disposition des familles un outil que réalisé, recensant l’ensemble des institutions « d’aide et de soutien aux familles » ; leur signification, les contacts et les réseaux des partenaires. Beaucoup de parents ont apprécié la démarche et trouvé ce livret très utile.. -Formes des soirées plus pertinentes et plus attractives : Nous avons pu recenser un très large éventail en termes d’âges du public accueilli. Ils se situaient entre 18 et 50 ans. Au départ de l’action, nous accueillions essentiellement des « nouveaux parents » ; aujourd’hui, même les parents d’âge un peu plus « mur », fréquentent nos soirées. Les parents ont besoin de « tester », « d’expérimenter », avant de d’accorder leur confiance. C’est la raison pour laquelle, cette action a demandé beaucoup de patience ; exigé beaucoup d’écoute et de disponibilité. Bien souvent, le « téléphone Arabe » a été le meilleur indice de satisfaction pour mesurer la pertinence ou non du projet. -Repérage de notre association comme un pôle « ressources » (relais vers d’autres partenaires, informations sur les réseaux existants) : Au cours des soirées, nous demandionss aux intervenants de présenter leurs associations ou service médical. Cela permettait de proposer aux parents qui étaient demandeurs, de « revoir » ces professionnels à l’extérieur du centre. Très vite, d’autres familles qui ne fréquentaient pas les soirées d’échanges et de réflexion sont venues nous solliciter pour avoir des renseignements et/ou les coordonnées des professionnels qui étaient venus animer les soirées. Exemples de thèmes abordés: -« parents, enfants et jeunes, comment rester en relation ? », soirée animée par l’Ecole des Parents et des Educateurs. -« L’autorité, le respect », soirée animée par Michel Montheil psychologue au CMPP (Centre Médico Psycho Pédagogique) de la Rochelle. -« Les séparations –1ère partie » celles qui interviennent à la petite enfance. Soirée animée par l’Ecole des Parents et des Educateurs. -« Les séparations- 2ème partie » quand les parents se séparent, quand les jeunes quittent le foyer. Soirée animée par l’Ecole des Parents et des Educateurs. Par la suite, ces rencontres se sont poursuivies avec toujours l’idée forte de valoriser les parents ; de les accompagner sans a priori, sans jugement ; afin de les conforter dans leurs compétences. Une des fonctions que nousavons privilégiée lors de ces soirées, était l’accueil des participants. Les familles qui se sont senties « accueillies », c’est à dire reçues avec respect et convivialité, se sont laissées aller plus facilement au jeu des discussions. La règle était la même à chaque fois : « ce qui se dit à l’intérieur des murs, doit rester à l’intérieur des murs ». Force était de constater qu’au fur et à mesure, un lien de confiance s’était tissé entre elles (les familles), voire par moment une forme de complicité, qui rendait visiblement plus facile l’accueil des « nouveaux arrivants ». La parole se libérait plus aisément, et nous avons pu observer qu’au fil des séances, les familles finissaient par admettre qu’il n’existait pas de réponses « miracles » à leurs questions; mais que le simple fait de savoir qu’ils n’étaient pas seuls face à leurs appréhensions, leurs craintes, suffisait à les motiver pour revenir se « ressourcer ». Nous insistions particulièrement sur le fait que les contenus des soirées devaient toujours être abordés de sorte que les parents comprennent qu’il s’agissait d’espace de co-construction des réponses, d’échanges entre pairs. Le sentiment « d’anormalité » ou de « marginalité » s’estompait peu à peu, et certains parents témoignaient même de ce qu’ils appelaient leur « dédramatisation », ce qui leur redonnait confiance (selon leurs dires) et leur apportait beaucoup de réconfort. Dans la mesure où la parole était libre ; il a fallut trouver le juste équilibre entre l’exigence de ne pas bloquer la parole et celle d’offrir un cadre suffisamment protecteur, car il subsistait toujours le risque pour les familles de « trop en dire » ou de mettre au grand jour leur intimité. Recueil de la parole des familles : Nous avons conçu ce recueil au « démarrage » de l’action, un peu dans l’esprit d’un « Blog » mis à disposition des familles afin qu’elles puissent y noter ce qu’elles souhaitent après chaque soirée d’échanges et de réflexion. Cet outil était consultable sur place par « qui veut » ; le format papier/crayon a été choisi par les parents, qui ne disposaient pas tous d’Internet ou ne savaient pas s’en servir. Aujourd’hui cette démarche collective se poursuit, notamment grâce à l’implication des différents acteurs à toutes les étapes du projet (essentiellement les parents). Un groupe de parents qui a su en fédérer un autre, ce qui a fini par mobiliser toute une équipe de professionnels et d’élus, et ainsi, mutualiser des moyens financiers et humains pour « tenter » de répondre au mieux à des besoins pour une fois « formulés » sur l’ensemble d’un territoire.
Quels furent les facteurs de réussite de cette expérience ?
*Les facteurs de réussite : -Construire la démarche de projet dès la phase de conception avec les parents et les impliquer dans toutes les autres : élaboration, mise en œuvre, évaluation. -Le partenariat avec les secteurs enfance/jeunesse des communes de Nieul sur Mer et l’Houmeau, les parents d’élèves des trois communes, qui a pu impulser des actions visant à accompagner les parents dans leurs réflexions, leurs questionnements concernant l’éducation des enfants et les soutenir dans leurs fonctions éducatives. -S’appuyer sur les actions et animations collectives pour générer des synergies, du lien et de la communication, mobiliser des groupes d’habitants et partenaires. Les acteurs concernés ont pu élaborer et construire ensemble des projets. -Etre passé progressivement d’une dimension de proposition de projets à une dimension de projets concertés.
Quelles sont les limites de cette expérience ?
-Pourraient être : *L’enfermement du groupe sur lui-même *La lassitude : être créatif et toujours à l’écoute des nouvelles demandes *Un réseaux de partenaires qui ne se renouvellerait pas..