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Echanges de savoirs alliant cuisine économique et lien social

Thèmes
  • Adultes mixtes
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Quels furent les éléments de diagnostic à l'origine de l'expérience ?
Nourrir et faire vivre sa famille sont des préoccupations quotidiennes des habitants du Haut du Lièvre à Nancy, quartier d’habitat social reconnu prioritaire dans le cadre de la politique de la Ville. Une grande proportion d’entre eux vit dans de réelles conditions de pauvreté. Sur les 1000 personnes qui fréquentent annuellement la structure : 32,6 % sont bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active et près de 47 % ne vivent qu’avec des revenus de substitution (ASSEDIC, Allocation Adulte Handicapé, Allocations Familiales…). Le quotient familial moyen est de 395 € c’est à dire bien en dessous du seuil de pauvreté en France. Les familles sont souvent accaparées par un quotidien insécurisant qui les oblige de plus en plus à refouler au second plan les opportunités de rencontres et de partages autour d'une activité permettant de tisser du lien social. La cuisine, première clé d'entrée du centre social, constitue un espace d'apprentissages et de solidarités permettant aux personnes ou familles isolées de trouver une place dans un groupe, des repères et d'exploiter des compétences parfois sous-estimées ou insoupçonnées. L'activité autour de l'alimentation, entre plaisir et nécessité alimentaire est un support d'échanges interculturels dans lequel donner, recevoir, partager sont des valeurs reconnues de tous. Face à une précarité financière particulièrement criante en période de crise économique, il est identifié de nombreuses familles, notamment monoparentales avec de jeunes enfants qui peinent à assurer leurs besoins alimentaires : manque de matériel de cuisine, de moyens financiers qui restreignent l'accès à l'offre alimentaire et de savoirs susceptibles d'aborder la cuisine de façon plus économique. Autant d'obstacles qu'il faut surmonter pour proposer aux enfants une alimentation préconisée par les professionnels de santé (variété et équilibre alimentaire...).
Mots clés associés à l'actions
  • Santé
  • Précarité
Description générale
Mise en place d'actions abordant 3 axes particuliers : - L'approvisionnement : les familles disposent de sources d'approvisionnement limitées : magasins discounts, services de distribution par le biais de la banque alimentaire du Secours Catholique et les Restaurants du Coeur situés sur le quartier...L'alimentation offerte dans le cadre de ces services est diversifiée mais les familles, d'origine culturelles diverses, ont parfois des répertoires alimentaires restreints et ne maitrisent pas toujours les techniques d'utilisation des produits. - Les techniques culinaires : la transmission de valeurs et de techniques de base autour de la cuisine à l'intérieur de la famille s'est particulièrement réduite. La méconnaissance de recettes simples et peu onéreuses ajoute alors une difficulté supplémentaire pour répondre aux besoins de la famille en matière d'alimentation. - Le goût et le plaisir d'échanger autour de la nourriture : le caractère quotidien et répétitif de la cuisine lui donne souvent une image de tâche désagréable au sein de la famille voire même source de conflits. Redécourvir de nouvelles idées, de nouveaux goûts, les partager avec d'autres, peut permettre de redynamiser le quotidien de la famille. Par la même, il s'agit de valoriser la place du repas ensemble dans l'équilibre familial. Il s'agit de mettre en place des ateliers réguliers autour de la cuisine, de façon hebdomadaire, en privilégiant : - L'apprentissage des techniques culinaires de base, - L'information autour de l'équilibre alimentaire et de la santé, - L'éducation au goût, - La notion d'échanges réciproques de savoirs.
Description de l'expérience, ses objectifs, ses acteurs et ses différentes phases.
L’action est mise en œuvre selon différentes modalités afin de permettre au public d’y entrer par le biais qui lui convient le mieux : ce peut être par l’envie d’apprendre des techniques culinaires, par le besoin de réfléchir à l’alimentation de sa famille, par souci d’éducation de ses enfants ou encore par l’envie de rencontre, d’échange…. Chaque personne a pu ainsi évoluer à l’intérieur de l’action selon un parcours qu’elle a choisi. La cohérence de l’action collective mais aussi individuelle a été garantie par la régularité du partage en équipe autour du projet pédagogique. L’architecture globale de l’action est déclinée donc en plusieurs formules : 1. Des séances d’apprentissage culinaires : « Cuisine, savoir-faire et petit budget. » Les thématiques abordées sont diversifiées et s’ appuients sur les motivations du public pour permettre l’acquisition de savoir-faire et de connaissances :  techniques culinaires simples et saines et peu onéreuses.(méthodes de cuisson variées, l’utilisation des restes, les légumes oubliés….)  des notions de base autour de l’équilibre alimentaire  des notions techniques concernant l’hygiène et la conservation des aliments… 2. les ateliers « la cuisine c’est aussi … » : des temps construits en fonction des interrogations ou des envies du public et des constats réalisés par l’équipe. Leur objectif est de partager des réflexions avec les personnes le plus en adéquation possible avec la réalité de leur vie quotidienne. 3. Des ateliers d’échanges de savoirs culinaires : « Clair’saveurs » qui regroupent des publics précédemment investis dans l’action mais aussi des nouveaux publics soit  venus spontanément pratiquer l’activité culinaire avant de connaitre l’action globale du centre social  déjà positionnés sur d’autres activités du centre social et qui vont vers l’action cuisine pour répondre à un besoin d’ouverture vers les autres. Partenaires : • Au sein du centre social : différents intervenants qualifiés pourront apporter leur appui à l’action pour la mobilisation du public et pour développer des animations thématiques (la référente famille autour de la parentalité, la conseillère en économie sociale et familiale autour de la gestion budgétaire, l’animatrice de la plateforme informatique pour la réalisation d’outil de valorisation) • Des partenaires pédagogiques externes : organismes de formation autour des métiers de bouche (ex : centre de formation des apprentis de la chambre de commerce et d’industrie), INPES autour de l’alimentation équilibrée, carrefour santé de la ville de Nancy, la maison du diabète…) • Des structures du quartier agissant dans le domaine de l’alimentation pour mener des actions communes et dynamiser les publics autour de la thématique : CCAS, associations du quartier.
Quels sont les impacts ou effets positifs produits par cette expérience au niveau du public, du centre social ou de l'environnement ?
Un constat réaffirmé : nourrir sa famille est un défi quotidien L’activité « cuisine » a été un temps particulièrement propice à révéler les difficultés des familles vécues au quotidien : les personnes qui ont participé sont venues y chercher des idées et des savoir-faire bien entendu mais de façon plus concrète, elles y ont trouvé aussi l’intérêt de ramener chez elles un plat à partager un peu différent des autres jours. Du fait de la monotonie ambiante, la mobilisation active des publics est difficile : chaque participante apporte avec elle ses difficultés qui sont de plus en plus prégnantes et n’est pas toujours en mesure de se rendre disponible pour enrichir la vie de groupe. Aussi, bien que les participantes aient plaisir à déguster de nouvelles recettes, elles n’ont pas toujours la volonté de refaire à la maison : manque de ressources, d’énergie ou peur de surprendre la famille avec de nouveaux goûts. Même si elles apportent des clés pour gérer le quotidien, les thématiques abordées doivent être innovantes pour attiser la curiosité et l’envie de faire. Une porte ouverte vers d’autres aspects de la vie quotidienne Au gré des discussions, la dimension collective permet d’aborder des questions autour de la gestion du quotidien et de cibler des thématiques à développer. Ainsi, le tri des déchets, les démarches administratives, la santé, l’éducation sont abordées et permettent de mobiliser les publics plus avant vers des actions de sensibilisation dans le cadre des actions du centre social ou au-delà. Pour exemple, une animation autour du tri des déchets appuyée par la maison de la propreté et imagée par une visite du centre de valorisation des déchets de Ludres, a permis aussi de mettre en place un système de compostage. Cette action menée de manière constante permet de constater des prémices de changement dans les comportements. La cuisine, un support d’intégration La cuisine est vectrice de lien social mais au-delà, en valorisant les compétences individuelles et en donnant des occasions d’échanges dans un cadre défini, elle devient un lieu d’ouverture aux autres. La méthodologie utilisée pour réaliser les temps d’échanges de savoirs s’enrichit et l’on constate que les transmissions ne s’arrêtent pas uniquement aux techniques culinaires. Les participantes prennent plaisir à apporter d’autres aspects de leur culture : les traditions, la musique… La cuisine vectrice de remobilisation autour de l’éducation des enfants Les difficultés liées à l’alimentation des enfants reviennent de façon récurrente dans les conversations des mamans dans les temps de l’action et aussi sur d’autres actions développées au centre social autour de la parentalité ou de l’accueil de loisirs. Une expérience a été proposée à certaines mamans pour préciser les questionnements et poser des premières réponses. Basé sur la réalisation et le partage d’un repas avec les enfants, la formule a marqué un temps de pause dans le quotidien et a permis de donner un cadre apaisant au repas. Les échanges entre mamans leur ont permis de confronter leurs expériences, leurs difficultés en les rassurant aussi sur leur capacité à éduquer leurs enfants. Ce type d’action convient au public : elle demande à être consolidée et aussi enrichie en lien avec des partenaires qui sont à même de donner des réponses adaptées et concrètes aux familles. Des actions ont permis de valoriser et de développer des compétences individuelles) Sur un plan cognitif, la préparation des échanges permet aussi de travailler à l’oral ou à l’écrit la rédaction de la recette, le choix des produits, la présentation de la séance, autant de compétences qui peuvent mettre en confiance vis-à-vis des autres. Dans le cadre des ateliers cuisine, les techniques abordées permettent aussi de développer des savoirs de base : lecture, mesure, calcul de prix de revient….autant d’exercices qui confrontent l’individu à une démarche d’apprentissage. Plusieurs personnes se sont investies aussi sur les ateliers qui leur permettent d’expérimenter l’outil informatique (traitement de texte, photo, recherche Internet) et à un travail de création pour mettre en valeur les actions réalisées. Des actions qui ont permis une mise en relation des publics avec leur environnement : au travers des actions menées, et notamment des temps forts, les participants ont pu découvrir des structures de proximité : Des associations : ACB 54, les femmes relais, ASAE francas, le Buisson Ardent…. Des structures ou des services tels que le multi-accueil Jeanine Bodson, la mairie de quartier, la médiathèque, la maison de la propreté, le centre de formation de la CCI... Des professionnels : chocolatier, cuisinier de la Préfecture, Ces rencontres dans un cadre ouvert et neutre sont l’occasion de décrypter l’environnement et de le rendre plus accessible.
Quels furent les facteurs de réussite de cette expérience ?
Au cœur du quotidien, l’alimentation est une préoccupation constante des familles à partir de laquelle il est possible de développer de multiples formes d’intervention. Une structure telle qu’un centre social permet de donner de la cohérence à des actions très diversifiées en s’appuyant principalement sur des parcours individuels : ainsi, chaque participant va trouver dans l’action, les réponses qui lui conviennent et pouvoir petit à petit élargir ses compétences, ses envies et son implication. Il s’agit donc bien là d’un projet développé à partir de compétences de professionnels du travail social : l’écoute, l’accompagnement de parcours individuel, la gestion de groupe, la mise en relation… des points forts qui ont fonctionné grâce à un travail coordonné d’une équipe pluridisciplinaire avec: la mise en œuvre par un groupe de participants d’un outil de partage des recettes et des actions de type « blog », La reprise d’échanges réciproques de savoirs avec des modalités destinées à les ouvrir encore plus largement La mise en œuvre d’un programme d’ateliers portant sur des thématiques diversifiées (santé, hygiène, éducation, consommation.... et des techniques culinaires) La dynamisation des relais partenariaux à l’échelle du quartier pour favoriser la communication, l’accessibilité de l’action et mise en œuvre de modes d’interventions coordonnés.
Quelles sont les limites de cette expérience ?